Une digression d'abord: je lis que "Le délitement des deux extrêmes a réduit la marge d'incertitude et favorisé l'émergence d'un espoir centriste". L'émergence du centre n'a-t-elle pas, inversement, permis aux deux partis traditionnels de capter les franges excitées de leur électorat. Bayrou, force d'appoint des socialistes pour les attachés à droite, frère jumeau de Sarkozy pour les suiveurs de Hollade. Sarkozy dit qu'il a fait reculer Le Pen: c'est vrai. Mais aurait-il pu le faire sans Bayrou? Et même, n'y a-t-il pas été contraint (pour son plus grand bénéfice sans doute)?
Ceci dit, un coup de gueule encore:
C'est dommage que le discours centriste (et le socialiste aussi d'ailleurs) se résume à l'idée de troisième voie, d'équilibre des pouvoirs.
Comme l'article auquel je faisais référence le pointe, le destin du centre et des radicaux, c'est de se faire piquer ses idées. C'est vrai dans l'histoire de la Troisième République comme dans celle du scrutin présidentiel de cette année (par exemple le co-développement, le budget, les meilleurs à gauche et à droite).
On peut trouver ça injuste, mais le centre n'est qu'une blague si il ne défend pas d'idées. Au début de la campagne, Bayrou proposait des idées assez fortes et claires. Tant mieux si on lui a pris. C'est qu'elles étaient bonnes et qu'elles font leur chemin.
Mais on ne l'entend plus parler que de dépasser le système bipolaire. C'est sans doute intelligent de favoriser le dialogue et la construction de consensus. C'est aussi peut-être ce que l'électorat a besoin d'entendre (ça reste à prouver) et c'est un message clair et facile à comprendre.
Mais bon, si Sarkozy favorise le co-développement, l'ouverture politique, et le ferroutage (ce qui reste à prouver dans les faits bien entendu), on peut le dire. Et surtout on peut passer à un autre combat si celui-ci est gagné. "Si".
C'était, à mon avis, une force de la campagne de Bayrou que son caractère kamikaze. Continuons: parlons de ce qui ne va pas dans les plans de Sarko, à propos de l'école, de l'emploi, de la franchise médicale bien sûr. Rompons avec l'idée qu'on ne peut rien faire si on n'a pas tous les pouvoirs, comme le Président, et continuons à faire des choses en imposant des idées. Qu'on nous pique, et alors?
mercredi 23 mai 2007
Et maintenant, Bayrou?
à 12:06
Libellés : En français, France 2007
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