jeudi 4 septembre 2008

Le Tastevin, gloire de la grande bourgeoise française


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Maisons-Laffitte, ce petit paradis presque inconnu, au bord des Yvelines... Il y a ici une belle maison bourgeoise, une vraie, comme on ne s'attend pas à en trouver à 15min de l'Etoile. Tous les jours, c'est comme un déjeuner du dimanche chez une vieille tante fortunée: sa belle demeure impeccable et cirée, avec un grand escalier tout vernis, des bibelots et des tapis, des lambris impeccables, un gentil labrador, un vieux chef qui connait la chanson, et aussi la profession.

Et puis comme vous le voyez, au premier rayon de soleils, il y a les tables non seulement sur la terrasse mais encore dans le jardin, séparées par des petits bosquets.

Mais ça n'est pas tout. Dans une attraction comme ça, on pourrait s'attendre à des prestations culinaires un peu relâchées, confites dans leur certitude et leur approximation. Au lieu de ça, on a une longue carte très classique et très bien réalisée et plein de suggestions du jour. Ce jour-là, il y avait raviolis de homard -- ça ne se refuse pas. La pâte est fine, parfaitement dosée entre ferme et fondant, le homard est ferme avec ses fibres bien serrées, et mes quatre beaux raviolis sont posés sur un beau lit d'épinard frais juste "tombés", un jus de crustacé joue plus les assaisonnements que les sauces.

Classique de la maison ensuite avec une belle pomme de ris de veau pommes/câpres flanquée d'une invraisemblable charlotte de macaronis aux girolles. Quand on commence à voir des structures faites en pâtes, on sait qu'on a changé de dimension. Même si, dans le fond, des macaronis juste cuits à la minute avec leur girolles auraient été meilleurs, le charme de cette présentation à la Escoffier est imparable.

On est d'autant plus emballé, ceci dit, que la cuisson du ris est vraiment parfaite (chapeau, ça n'est pas si courant même dans les grandes maisons), et que l'équilibre de la recette, sous ses allures balourdes (du ris, des pâtes et des champignons), est assurée par l'acidité des dés de pomme et des câpres.

Et puis le portrait ne serait pas complet sans un annuaire de cave qui a tout bon dans la grande tradition, vins jeunes et vieux, châteaux alignés comme à la parade, Raveneau et Trimbach, conseil compétent. N'attendez pas de vins exotiques, néanmoins, à moins que, dans l'esprit de la maison, le Languedoc ne soit pour vous la quintessence de l'hétérodoxie vinicole.

Bien sûr, c'est pas donné. Mon repas d'hier soir était à 151€ pp avec un millefeuille et une bouteille de Cassis blanc. Il y a un menu dégustation à 95€, et un menu du déjeuner en semaine ("menu d'affaires") à 45€. Mais le dépaysement, et le charme certes discret mais surtout éternel de la bourgeoisie, est à ce prix, du moins tant qu'on reste à portée de vue de la Tour Eiffel.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Great work on the mapping, Julot! J'espére que j'avais une tante riche en France!