Peu importe si la mort de Coluche était ou pas un assassinat déguisé : de toute évidence, pour beaucoup, il ne suffit pas qu'il soit mort, il faudrait encore qu'il n'ait jamais existé. C'est ce à quoi s'emploie, volontairement ou non, Antoine de Caune dans son dernier film. Ce qu'il nous montre en effet, c'est une espèce de Bigard ancien, un bobo perdu dans son fric et sa libido, ayant fait fortune par accident, et se piquant, à l'occasion, en fin de banquet, de solidarité et de conscience sociale, mais pas trop. Petit Sarkozy des années Giscard, le Coluche de ce film est avant tout occupé de ses partouzes, de sa coke, de sa tune et de ses potes. De la liberté, de l'insolence, de la pertinence de la critique par Coluche, il ne reste rien. Rien. Juste la vulgarité, vaguement choquante, profondément vaine.
vendredi 31 octobre 2008
C'est Coluche qu'on assassine!
Demaison, l'acteur qui joue Coluche, qui s'en joue plutôt, nous rejoue certes des classiques. Mais non seulement il le fait comme un pied, rigide, aussi pathétique que nous autres adolescents des années 1980 étions exactement dans le même exercice -- imiter Coluche --, mais encore il ne reprend du discours de Coluche que la boufonnerie innocente concentrée sur les pubs de lessive et les obscénités. Puisqu'on nous parle de la candidature de Coluche à l'élection présidentielle, on aurait pu nous parler de sa critique féroce et juste des politiques de l'époque. Mais tout ce qu'on nous en rend, c'est l'idée de penser à Lecanuet quand on s'entraîne au tir au pistolet.
Pour un peu, les vrais héros du film, ce seraient Attali et Mitterand, l'action politique en vraie, alors que les bouffons ne peuvent rien, ne veulent rien. Le film se conclut d'abord sur Coluche rejoignant Attali rue du Solférino le 10 mai 1981, revenant au bercail en somme, et gratifiant les caméras de télé d'une grimace. Et quelques mois plus tard, il passe devant un pauvre affamé qui fouille une poubelle dans le Parc Montsouris. Il s'arrête, regarde, passe son chemin.
C'est donc en somme un film sur les "marrants" d'aujourd'hui, les de Caunes justement, les qui-vous-voulez qui ne font de mal, ou de bien, à personne, et qui ne parlent de rien. Et plutôt que de jouer les vieux cons, de nous laisser croire qu'il y a eu, à un moment, des comiques qui disaient des choses profondes et justes, qui dégagaient de la liberté et de l'esprit, il nous propose de rejeter ces illusion dangereuses, de les regarder comme des illusions perdues auxquelles nous restons sentimentalement attaché, bêtement, mais dont dans le fond nous nous portons mieux de nous être défaits. Triste renoncement.
à 14:28
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1 commentaire:
Je n'ai pas vu le film mais rien qu'en voyant la bande-annonce je me suis dis la même chose...Je n'ai pas connu Coluche vivant, mais je n'en retiens que des bonnes choses et je n'ai aucune envie d'aller voir çà!
En tout cas, Bravo pour ce post.
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